Petite histoire philosophique chinoise

Pour approfondir l’enseignement de notre Maître Sing Tran.

 

Le maître nous transmet une clé (le savoir) mais la deuxième clé (le savoir-faire) se trouve en nous.

Le maître ne peut exprimer tout son savoir par des mots, une partie de l’enseignement relève de l’observation et surtout de la pratique.

Un enfant ne peut apprendre à rouler à vélo sans s’exercer.

Seul un apprentissage personnel, régulier et assidu permet de maîtriser son art.

learning-to-ride

 

 

 

 

 

 

 

 

Voici une petite histoire issue du Zhuangzi pour illustrer ce propos :

 

Le duc Huan lisait dans la salle, le charron Bian taillait une roue au bas des marches. Le charron posa son ciseau et son maillet, monta les marches et demanda au duc :

– Puis-je vous demander ce que vous lisez ?

– Les paroles des Saints, répondit le duc.

– Sont-ils en vie ?

– Non, ils sont morts.

– Alors ce que vous lisez là, ce sont les déjections des Anciens.

– Comment un charron comme toi ose-t-il discuter ce que je lis ! fit alors le duc ; explique-toi, sinon tu mourras !

– J’en juge d’après ma propre expérience, répondit le charron. Quand je taille une roue, si j’attaque trop doucement, mon coup ne mord pas ; si j’attaque trop fort, mon coup s’arrête dans le bois. Entre force et douceur, c’est la main qui trouve la juste mesure, c’est l’esprit qui réagit. Il y a là un tour de main que je ne puis exprimer par des mots, de sorte que je n’ai pas pu le transmettre à mes fils, que mes fils n’ont pu en hériter et que, passé la septantaine, me voilà encore à tailler des roues. Les Anciens ont emmené dans la mort ces choses qu’ils ne pouvaient communiquer, de sorte que ce que vous lisez-là ne peut être autre chose que leurs déjections !

(Traduction de Jean-François Billeter)

 

Bonne réflexion…

Le Golden Phoenix